Du Jugement Dernier

Juger, au fond, c'est dire si une chose est bonne ou mauvaise; ce qui ne saurait être établi justement sans envisager les causes à l'origine d'un événement.

Pour ce qui est de l'être doué de conscience, il s'agirait ainsi de déterminer les raisons qui sous-tendent ses choix.

A cet égard, il convient d'admettre que soit l'Homme est libre de se déterminer par lui-même, auquel cas il peut être tenu pour responsable de ses actes; soit il ne l'est pas, auquel cas il ne saurait être jugé sans iniquité. 

Ce qui pose, dans le premier cas, la question du libre arbitre en tant que capacité de se déterminer par soi, sans autre cause que soi; et donc, celle de la nature du soi inévitablement.

Or, l'on ne saurait nommer, par déduction du temps, la nature du soi commune à l'Homme, sans mettre en évidence une finalité ontologiquement supérieure requalifiant a posteriori le probable en inéluctable.

A ce propos, le temps passe. Et l'inconscience idéelle demeure l'unique reliquat qui soit jamais possible au paroxysme d'un processus d'annihilation du présent que recèle le temps précisément; et ce, quelle que soit la réalité de départ.

Si bien qu'il faille enfin créer, paradoxalement, pour se connaître comme étant soi - être conscient - afin de tout réduire à néant jusqu'à l'inconscience elle-même à la fin des temps.

Il ressort ainsi que l'annihilation du présent puisse être érigée au rang de finalité absolue dès lors que la conscience elle-même puisse en résulter en dernier lieu.
 
S'il faut inexorablement se connaître, en effet, pour annihiler, par antithèse, l'ignorance d'être soi dont la nature inconsciente est l'allégorie. Ce qui ne saurait être pleinement accompli qu'en comprenant sa propre condition à partir de rien par la raison.

Or, toute chose ne pouvant qu'acquérir a posteriori le statut de nécessité en considération d'une finalité supérieure ainsi révélée décryptant l'inconscient, il s'ensuit que l'on ne puisse plus rien juger en termes de bien ou de mal en connaissance de cause; dès lors que tout acte ne fît que converger, à l'insu de son auteur, vers une fin encore incomprise.
 
De sorte que le libre arbitre ne fût jamais qu'une autoservitude envers une nature méconnue, que la traduction d'une faculté de choisir dans l'ignorance de ce que nous étions jamais.

Ce qui acte, enfin, le jugement dernier ontologiquement.

Commentaires

  1. Bonsoir cher ami, il faut s'être élevé très haut pour approcher la question du jugement dernier en ces termes.J'ai déjà pensé parfois que le jugement dernier nous appartient au final
    Est ce cela

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  2. Bonsoir cher ami, il faut s'être élevé très haut pour approcher la question du jugement dernier en ces termes.Il m'est arrivé quelquefois de conclure que le jugement dernier nous appartenait au final.(si l'on peut en avoir l'accès)( celui-ci étant à la mesure de notre inconscience donc de notre responsabilité) Est-ce un peu cela que vous sous entendez ici, le jugement dernier comme concept ontologique du soi?Gange

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  3. En l'absence de concept plus fondamental qu'être tandis que nous sommes, nous ne saurions, en effet, être jugés que par nous-mêmes; jusqu'au point de comprendre qu'il n'y ait plus rien à juger dès lors que la vérité de l'être soit révélée; puisque cela implique la mise en évidence d'une finalité ontologiquement supérieure requalifiant tout événement en nécessité a posteriori.
    Le temps est donc venu de se réconcilier avec soi.

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  4. J'ajouterais donc, quant à la fin de votre propos, la chose suivante: le jugement dernier comme révélation (et non concept) ontologique du soi.
    Car révéler sa propre nature intérieure, c'est comprendre ce vers quoi nous tendions par nos actes sans le savoir.
    Tel qu'il ne soit plus possible de se juger en termes de bien ou de mal dès lors que chaque action devienne le maillon d'une chaîne causale nous ayant inexorablement mené à comprendre notre propre condition à partir de rien.
    Merci encore Gange.

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