Les Morts sont Vivants

« […] Il s’ensuit qu’il ne soit possible de connaître le souvenir du soi, après s’être connu, que sans se connaître comme étant soi, tel un état de conscience paradoxale que le rêve suggère. » (1)

Cependant, un état de conscience paradoxale rendrait encore le souvenir vain pour ne pas en être pleinement conscient ; de sorte qu’une vie de vertu ou de vice serait indifférente.

Tandis qu’une conscience du tout, en guise de juge souverain, nécessiterait de devenir impossiblement plus fondamental que le tout afin qu’il fût présent à soi, à moins de détruire le tout qui ne le serait plus ; si la conscience implique de se voir par écart de façon imagée pour se connaître comme étant soi (2).

Il s’ensuit que pour que l’existence ne soit pas vaine et qu’il en restât autre chose qu’un souvenir sans conscience équivalant à rien, il faille nécessairement continuer à se connaître comme étant soi, mais sans l’être tout à fait comme auparavant, pour être déjà mort.

Tel un rêve de soi où les consciences individuelles reprendraient vie pour ne plus se voir symboliquement qu’à l’aune de leur propre vérité immuable ; un rêve de soi pour être celui de l’inconscient redonnant vie, à son insu, aux souvenirs gardés en mémoire ; comme s’il était possible de reprendre conscience individuellement par l’empathie d’un spectateur inconscient (3), témoin de tout, et qui prêterait alors généreusement son cœur à des êtres revivant par lui en mémoire pour se juger en vérité, sans échappatoire (4).

 

C’est sans doute le rêve oublié d’un sommeil profond où les morts sont vivants (5).


Notes :

(1) A la suite du texte de l’Au-Delà.

(2) C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la conscience ne saurait qu’être individuelle du fait qu’il ne soit possible de voir qu’une partie de soi à l’image de l’Homme ne pouvant percevoir tout le cosmos lorsqu’il se décide à lever les yeux vers le ciel pour voir autre chose qu’une partie de son propre corps étant incapable de se faire totalement face lui-même.

(3) Dont la toile cosmique, aux allures de réseau synaptique infini, serait l’allégorie la plus évidente.

(4) Ce qu’il est tout à fait possible d’envisager à l’échelle d’un individu qui rêverait, en tant que spectateur inconscient, des êtres disparus qui reprendraient vie par lui, de par leurs souvenirs et leur ressenti, afin de s'accorder sur leur vérité, de manière véridique ; de sorte qu’aucune différence objective ne pourrait alors être mise en évidence entre un tel état de conscience gardée en mémoire réanimée par empathie et celui d'une conscience réelle selon le sens admis, sinon la conviction d'avoir été sans pouvoir y rien changer.

(5) Car n’est-il pas vrai qu’une réorganisation des souvenirs ait lieu au cours du sommeil profond et qu’un souvenir soit la connaissance de ce qui n’est plus ? Or, l'inconscience est un état commun indifférenciable justifiant qu'on puisse alors avoir accès à tous les souvenirs du fait que la mémoire soit une mémothèque dont l'accès est régi par l'état de conscience.


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