Exister

Etant donné que rien ne saurait émerger du néant tandis que l’univers existe, alors une chose au moins doit nécessairement être substantielle pour être toujours par elle-même, c’est-à-dire pour n’avoir jamais d’autre cause qu’elle-même.

Ce qui est étant dit, il est alors possible d’évoquer, par voie de conséquence, ce qui n’est pas en vertu d’une logique de même nature que celle permettant d’affirmer l’être. Or, l’essence est la pensée première de toute chose. Pour être ainsi la première chose pensée, à partir de l’être, faisant l’objet d’une pensée première par négation, n’être pas ne saurait être dissocié de la pensée elle-même pour finir par la désigner.

C’est sans doute pourquoi la pensée n’est rien par elle-même du fait qu’il faille être sensiblement en premier lieu. Car sans matière première de nature sensible à penser, que serait-il alors possible de penser ? Sans doute impossiblement rien.

S’agissant d’exister à proprement dit, cela implique d’avoir une extension spatiale. Dès lors, la question qui s’impose est la suivante : « Dans quoi ? ». Il faut alors admettre que nous ne puissions jamais exister dans rien qui puisse être arrêté à l’issue d’un raisonnement récursif. Il s’ensuit que nous ne puissions qu’être en vérité pour exister dans l’infini duquel nous serions indissociables.

Puisqu'il ne saurait y avoir de césure entre une chose existante et son espace sous-jacent ; sauf à considérer l'aporie d'un néant. Si bien que nous puissions qu’être infinis pour ne cesser jamais d’avoir un point de contact avec un espace sous-jacent qui ne saurait qu’être infini. C’est sans doute la raison pour laquelle l’extension spatiale d’un électron est précisément infinie.

Dans ce contexte, le réel ne saurait être qu’une émanation du conceptuel du fait qu’un milieu primordial ne puisse jamais être défini, hormis l’infini. Il faut alors envisager qu’un instant perçu ne puisse être issu que d’un ensemble potentiel avant perception, à l’image d’un état superposé quantique.

Ce qui reviendrait, à l’échelle du cosmos, à considérer précisément « le rien » (sans négation « ne » au sens de « quoi que ce soit ») en tant qu’univers conceptuel des possibles : le Temps (ainsi distinct de la chronologie en tant que succession d’instants, et de la durée en tant qu’espace abstrait relatif entre deux événements).

Le Temps ne passerait donc jamais stricto sensu pour être l’univers conceptuel des possibles _ duquel l’instant perçu serait issu _ perpétuellement ajusté des événements avérés et gardés en mémoire. Nous n’aurions alors l’impression du temps qui passe que pour être continûment spectateurs d’une succession d’instants accréditée par nos sens, tandis que nous demeurerions immobiles en vérité ; comme lorsque nous gardons les pieds sur Terre pour observer la voûte céleste qui s’anime par nous.

Exister, ce serait donc Être dans l’infini par ce qui n’est pas à partir du (et non pas « de ») rien.

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