De l’Annihilation, de l’Altérité et du Vide

En l'absence de néant absolu puisque nous sommes, l'annihilation ne saurait donc relever que de la transformation. Or, devenir autre, c'est jamais que retirer une chose ici pour emplir autre chose ailleurs en laissant un vide. Tel que le vide soit l'espace résultant de ce processus.

Et, du fait que l'inconscience soit irréductible(1), alors l'annihilation ne saurait consister qu’en une oscillation perpétuelle entre états d’inconscience, pour n’être que nature inconsciente, et d’éveil pour se connaître ; à la mesure d’un instant, d’un jour, d’une vie ou d’une itération d’univers. De sorte que la production du vide soit d'autant plus conséquente qu'une chose ait à devenir autre chose pour se connaître à mesure que "le temps passe". Comme en témoigne l'énergie noire.

En d'autres termes, l'énergie noire serait la manifestation directe de la production du vide résultant d'un processus d'annihilation perpétuel par lequel une chose aurait à se transformer : c'est à dire à disparaître sous sa forme actuelle pour devenir autre en laissant un vide, à chaque nouvel instant.

Il ressort ainsi que faire le vide ne soit jamais vraiment faire le vide si faire le vide localement consiste toujours à emplir ailleurs. De sorte que le vide universel ne puisse être appréhendé conceptuellement sans univers réciproque. Puisque faire le vide physiquement revienne jamais qu’à devenir autre.

Enfin, s’il n’est possible d’exister à chaque nouvel instant qu’en devenant autre, il n’en reste pas moins que l’altérité ne soit fondée que sur l’annihilation du soi, à la généreuse promesse d’éternité malgré tout : si l'autre est jamais que soi vidé d'ici pour être empli ailleurs(2).

Il faut s’en rappeler pour ne pas sombrer dans l’égoïsme.

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Note :

(1)Puisqu’après avoir tout retiré jusqu’à soi par expérience de pensée, il ne saurait rien rester d’autre que l’inconscience, cette métaphore sensible du néant, quelle que soit la réalité de départ. Si bien que pour tout réduire à néant jusqu’à cette dernière inconscience, en guise d’unique reliquat possible, il faille enfin toujours créer, paradoxalement, afin de se connaître : être conscient. Dans une boucle sans fin.

(2)Justifiant d’ailleurs autant le vieillissement menant à la mort à l’échelle d’un individu que l’existence d’un autre individu que soi.

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