Du Bien et du Mal

Qu’est-ce que le bien ? Qu’est-ce que le mal ?

L’on ne saurait répondre à ces questions sans comprendre en premier lieu notre raison d’être ; après quoi, un mal apparent peut être considéré comme un bien et inversement.

A ce propos, au paroxysme d’un processus d’annihilation du présent, que le temps qui passe nous révèle, l’inconscience demeure l’unique reliquat possible, quelle que soit la réalité de départ, après avoir tout retiré jusqu’à soi par expérience de pensée. Si bien que pour tout réduire à néant jusqu’à l’ignorance d’être soi, il faille enfin toujours créer, paradoxalement, afin de se connaître : être conscient.

Car il n'y a aucune raison objective pour qu'il y ait quelque chose plutôt que rien, hormis l'annihilation perpétuelle. Si tant est que l'inconscience soit irréductible à l'acmé d'un tel processus ; de sorte qu'il faille enfin toujours créer pour être conscient dans une boucle sans fin.

L'impression du temps qui passe en serait donc la manifestation la plus évidente ; puisqu'une succession d'instants recèle l'idée d'annihilation perpétuelle du présent. Et la mort, la preuve ultime qu’il faille tout annihiler jusqu’à soi ; tel que la vérité soit crûment sous nos yeux.

La conscience trouverait ainsi son fondement dans l’annihilation antithétique de l’inconscience. Dès lors, le réel ne saurait être qu’une émanation du conceptuel. C’est la raison pour laquelle nos particules ne sont essentiellement que des ondes. Car une onde est jamais qu’un message conforme à une vérité conceptuelle : celle d'avoir toujours à se connaître en étant jamais que par soi ; à l’image de l’être doué de conscience capable de se déterminer par lui-même en vertu de son libre arbitre, sans autre raison d’être que celle de se connaître pour comprendre.

Dès lors, le bien absolu consisterait à œuvrer à cette fin : se connaître pour comprendre.

Ce qui présuppose de préserver les conditions favorables à la vie ainsi qu’à la réflexion logique seule capable de répondre à la question du « pourquoi ? ». Un mal apparent, à l’image d’une piqûre de rappel menant à s’interroger sur le sens de l’existence, peut alors s’avérer être un bien utile eu égard à cette finalité supérieure ; si tant est que la raison soit à la hauteur, afin que le sacrifice ne soit pas vain(1).

Car rien ne serait pire, en considération de notre propre nature, que la vanité : ce mal stérile consistant à consacrer l’inanité de nos existences, pour ne faire que passer sans autre raison que celle de souffrir ou de jouir d’une réalité faisant captieusement office d’absolu ; ou de croire sans autre motif à la créance que la coutume sans raison, si ce n’est une simonie du salut en contrepartie d’une piété intéressée ; afin qu’il n’en restât rien jusqu’à notre propre vérité tristement méconnue.

Nous ne pourrions alors que disparaître en sombrant dans l’oubli du fait d’être devenus inutiles à nous-mêmes et dispensables envers la nature qui consent tant d’efforts pour se connaître généreusement par nous ; et certainement pas pour se méconnaître égoïstement à cause de nous.

Et voilà qu’en plus de représenter le gage d’une victoire perpétuelle de la vie sur la mort, l’annihilation nous encourage à nous connaître pour comprendre rendant ainsi à notre raison d’être, sa lettre de noblesse ; bien qu’apparemment nous ne soyons que des misérables à jamais condamnés à saisir que nous sommes tout à partir de rien.

Notes :

(1)A contrario, un bien apparent peut s’avérer être un mal lorsqu’il s’agit par exemple de substituer à la raison difficile mais salutaire, l’émotion facile qui s’indigne avec affectation, afin que nos maux perdurent avec cynisme sans jamais traiter des causes.

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