De l’Art de Vivre

Si le passé est la conséquence de la mesure du présent, alors l’information du passé ne saurait, dans l’absolu, précéder le présent de l’observateur dans la mesure où une cause est nécessairement antérieure à sa conséquence.

Il en résulte que la lumière ne puisse être un voyageur nous apportant l’information de ce qui s’est passé naguère ou jadis, mais une succession de messages instantanés1 extrinsèques2 nous intimant le caractère inéluctable de la conséquence qui s’impose à nous.

En somme, nous pointons nos radiotélescopes vers l’univers lointain pour y voir le passé qui nous précèderait. Mais nous y avons en vérité la conséquence du fait d’avoir été capables de construire un radiotélescope pour le pointer vers l’univers lointain et révéler, par la mesure, un événement qui n’était jusqu’à alors que virtuellement en mémoire sans sujet conscient.

Si bien que tout se passe comme si la Terre était une salle de cinéma à ciel ouvert dans laquelle nous regardons le film de notre réalité en temps discret : cette suite d’événements lumineux _ en guise d’images ultra rapides, dont la durée la plus élémentaire serait celle de l’inflation (10^-32 seconde) _ étant chacun issu du Temps en tant qu’ensemble de potentialités logiques avant mesure.

Faisant ainsi de la Terre, le centre insoupçonné de l’univers, car l’on ne soupçonne jamais ce qui est trop évident3. Et, du présent, l’unique chose qui puisse jamais exister. Il se trouve simplement qu’après mesure, nous parvenons à réorganiser les événements de façon successive grâce à nos facultés de mémorisation et d’abstraction logique. Ce qui nous donne, à postériori, l’impression captieuse d’une représentation usuelle de l’axe du temps, de type « passé-présent-futur à venir », qui soit contraire à la causalité.

Puisqu’il faut bien saisir qu’en l’absence d’instant zéro, alors une chose au moins existe toujours. Or, il n’est possible d’exister toujours qu’en étant jamais que par soi du fait qu’il faille alors être nécessairement sa propre cause à l’image de la nature contingente suivant son chemin, ou de l’être doué de conscience capable de se déterminer sans autre cause que lui-même en vertu de son libre arbitre4.

Par conséquent, la figure de l’éternité n’est qu’un concept secondaire pour ce qui est par soi pour n’avoir d’autre cause que soi5. Puisque même l’éternité ne serait ramenée essentiellement qu’à un point, par récursion, du fait que tout point d’une ligne aurait jamais de point précédent, en guise de cause antérieure, que lui-même.

Et ce point n’est autre que l’instant présent que nous vivons pour le brûler en dépit du fait que cela soit tout ce qui puisse jamais exister.

Quel dommage !

 

Notes :

1. Donnant ainsi un fondement ontologique au fait que la lumière soit « émise par paquet ».

2. En dehors de l’essence de la causalité.

3. Puisque l’âge de l’univers, ou l’univers observable, sont des concepts sans aucun sens en dehors du référentiel terrestre.

4. Ce qui nécessite de rétroagir sur soi pour qu’une action soit possible.

5. Ce que traduit le fait que toute chose existante soit assujettie du verbe substantif, être, sans lequel rien ne saurait être défini. Si bien qu’il faille d’abord être pour exister ensuite en toute logique. Autrement dit, qu’il faille d’abord une vérité pour que le vrai puisse lui-être conforme par la mesure consécutive.

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