De l’Expérimentation

Expérimenter, c’est tenter de prouver que le vrai est bien conforme à la vérité.

Les limites de l’expérimentation seraient ainsi atteintes lorsque l’existence, elle-même, en cela qu’elle tienne du vrai, finirait par devenir l’expérience ultime à mener pour en établir la vérité. 

Car si l’unique chose, qui puisse jamais être par déduction logique, était bien une entité d’annihilation de toute chose présente à elle-même jusqu’à sa propre inconscience, comment expérimenter cette vérité au-delà du Temps dont l’impression qu’il passe recèle indubitablement l’idée d’une annihilation de ce qui est présent à soi ? Comment expérimenter, en effet, cette vérité au-delà de la mort qui nous fait face pour comprendre qu’il faille tout annihiler jusqu’à soi ?

Commenter expérimenter encore cette vérité au-delà de la conscience qui prouve qu’il faille nécessairement se connaître pour tout réduire à néant jusqu’à l’ignorance d’être soi en tant qu’unique reliquat qui soit jamais possible au paroxysme d’un processus d’annihilation de toute chose présente à soi, jusqu’à soi, quelle que soit la réalité de départ ? 

Comment remettre en adéquation, par l’expérimentation, l’inflation avec la vérité de l’être sinon en considérant que se connaître implique nécessairement de se voir par écart ce qui n’est possible qu’à l’issue d’un phénomène instantané de distanciation de soi permettant d’être l’observateur de sa propre lumière ?

Comment prouver par l’expérience, autrement que par l’être humain qui existe, qu’en vertu de la nature substantielle de ce qui est, il ne puisse y avoir d’autre état conscient que celui du sujet se connaissant lui-même, esseulé dans l’infini du cosmos du fait qu’il n’y ait fondamentalement rien d’autre que lui ? 

Comment prouver par l’expérience, autrement que par soi, qu’il ne puisse y avoir d’instant zéro dès lors que nous ayons à être par nous-mêmes ? Car agir revient jamais qu’à actionner un muscle pour faire ce qui présuppose que des électrons se soient agités en amont dans le cerveau. Dès lors, soit il est possible de mettre en évidence une raison antérieure à cette agitation dans une récursion sans fin si bien qu’aucune action ne serait possible du fait de ne pouvoir jamais être déterminée. Soit il faut admettre qu’une raison au moins doive nécessairement être toujours par elle-même pour que l’action de l’homme soit possible en vertu de son libre arbitre. Dans ce contexte, il ne saurait y avoir d’instant zéro de par nous-mêmes.

Et s’il est possible de penser la figure du cercle comme une figure n’ayant ni début ni fin, sans connaître le nombre Pi, c’est que la faculté d’abstraction s’inscrit nécessairement dans un rapport d’antériorité causale par rapport aux mathématiques qui apparaîtraient dès lors comme un outil de traduction implicite permettant de passer du conceptuel au réel et que le sujet conscient pourrait ensuite découvrir en creusant dans sa propre réalité. 

Ceci étant, et du fait qu’il faille alors reconnaître le primat du conceptuel sur le réel, il en résulte que la pensée déductive soit, in fine, l’unique laboratoire utile pour y mener des expériences, au-delà de l’horizon des événements, lorsque l’existence, elle-même, finit par devenir l’expérience ultime que nous menons à notre insu.

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