A Partir du Néant

A Partir du Néant


A priori, il serait logique qu’il n’y ait rien plutôt que quelque chose puisque rien ne saurait émerger du néant sans aboutir à une aporie.

Or, nous existons en ayant l’idée du néant. Dès lors, la question de la conception du néant s’impose.

Concevoir le néant par l’esprit, c’est annihiler de façon récursive toute chose présente à soi, jusqu’à soi, si bien qu’au paroxysme d’un tel processus, quelle que soit la réalité de départ, l’inconscience demeure l’unique reliquat qui soit jamais possible.

Or, l’inconscience ne saurait être annihilée que par antithèse de sorte que pour tout réduire à néant jusqu’à l’ignorance d’être soi, il faille enfin toujours créer, paradoxalement, afin d’être conscient ; faisant ainsi de l’annihilation le gage inattendu d’une victoire perpétuelle de la vie sur la mort.

La conscience correspondrait ainsi à l’acmé d’un processus d’annihilation perpétuel dont l’unique reliquat possible à juger, en l’absence de concept plus fondamental qu’être, serait jamais que l’ignorance d’être soi : cette métaphore sensible du néant que seule la mort inspire.

Si bien que l’être humain soit finalement la partie consciente de l’unique chose qui puisse jamais être par déduction logique : une entité d’annihilation de toute chose présente à elle-même jusqu’à sa propre inconscience[1].

L’impression du Temps qui passe en serait la manifestation la plus évidente puisqu’une succession d’instants recèle l’idée d’annihilation de ce qui est présent à soi. Et la mort, la preuve ultime qu’il faille tout annihiler jusqu’à soi par l’inconscience et n’être plus que nature dans une itération sans fin[2].

En conclusion, le néant ne saurait donc constituer l’aporie d’un milieu ontologisant mais plutôt l’évocation sensible de l’inconscience[3]. Car sans conscience, au diable l’éternité et l’infini puisqu’aucune différence sensible ne saurait jamais être mise en évidence entre un tel état et le néant.

Enfin, si le souvenir même finit par être annihilé par l’oubli lorsqu’il se risque à être présent en revenant à la mémoire, il n’en reste pas moins que la vérité soit invincible à tous les outrages dès lors qu’il soit à jamais possible, par la raison, de nous rappeler à nous-mêmes alors que nous voguons, immobiles, sur l’unique vaisseau qui puisse jamais être, le Temps, sur la mer de l’inconscient, tourmentés par les haltes forcées qu’il nous faut incessamment faire pour nous connaître à nos dépens, misérables que nous sommes d’avoir toujours à comprendre que nous sommes tout à partir de rien.

C’est alors qu’il est temps de devenir sages.



[1]L’unique chose qu’il soit jamais possible de connaître sans se connaître encore et dont l’allégorie ne serait autre que la nature inconsciente qui nous précède toujours.

[2]D’autres manifestations peuvent être citées : i) l’énergie rémanente de l’annihilation entre matière et antimatière démontrant que même à vouloir tout annihiler, il resterait encore quelque chose : ce qui est, inconscient alors ; ii) tandis que la relativité des durées aurait précisément pour cause l’annihilation de la réalité objective dès lors que l’observation des phénomènes puisse dépendre du référentiel choisi.

[3]Du fait que celle-ci demeure irréductiblement l’unique reliquat qui soit jamais possible au terme d’un processus d’annihilation paroxystique, et ce, quelle que soit la réalité de départ, faisant ainsi du néant absolu, une chose à jamais impossible.

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